lundi 23 mars 2009

La diversité dans les médias

Bref Historique

La prise de conscience du manque de diversité dans les médias (et de son traitement) est ancienne, mais le sentiment d'urgence est né des émeutes de novembre 2005. Dans la foulée, les dirigeants de l'audiovisuel ont été convoqués par le président de la République, qui leur a demandé de mieux refléter à l'antenne la diversité de la société. En filigrane, il s'agit de donner à voir une réalité métissée sous un angle positif, alors que les caméras n'ont cessé de braquer leurs objectifs sur des enfants d'immigrés en révolte. Le 31 mars 2006, la loi sur l'égalité des chances a donné au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) une assise législative pour contrôler le travail accompli. L'instance a donc demandé aux chaînes de lui fournir un bilan détaillé des programmes ayant permis de lutter contre les discriminations. Et, le 10 novembre, Dominique Baudis a remis à Jacques Chirac le premier rapport officiel sur la diversité à l'antenne. « Il reste du chemin à faire, mais le mouvement est engagé et, j'ai confiance, il se poursuivra », a déclaré le président du CSA.
Le rapport fait ressortir les forces et les faiblesses des chaînes. Principale avancée : la lutte contre les stéréotypes. Alors que, dès 1999, le collectif Égalité animé par Calixthe Beyala pointait, notamment sur les chaînes privées, le confinement des minorités dans les émissions musicales et les événements sportifs, de nouveaux territoires ont été investis. L'exemple le plus frappant est celui de l'information, avec le recrutement cet été d'Harry Roselmack au 20 Heures de TF1, qui fait suite à l'arrivée d'Audrey Pulvar au JT de France 3 en juillet 2004. Selon le CSA, le service public a en outre bien compris le rôle que jouent les débats et les documentaires dans l'illustration de la diversité. Depuis janvier 2004, France Télévisions a engagé un « plan d'action positive pour l'intégration », avec une double articulation sur les programmes et les ressources humaines. Des réunions font le point chaque trimestre. En outre, un poste de « délégué à l'intégration et à la diversité » a été créé. France-Télévision à également conduit une étude (autorisée par la Commission nationale de l'informatique et des libertés) sur la diversité dans ses effectifs. Les opérateurs privés ont de leur côté effectué un travail sur le public et les candidats des émissions de jeux, TF1 a mené une réflexion sur ses fictions en rencontrant des associations afin de détecter de nouveaux talents.

Repères chronologiques
  • 1976 : Création de l'émission "Mosaïques" sur France 3, avec pour mission de faire connaître les cultures d'origine des immigrés vivant en France, de leur permettre de conserver un lien avec leur culture d'origine, d'être un point de rencontre entre ces différentes cultures.
  • 1992 : Rachid Arhab présente le journal télévisé de 20h sur Antenne 2 puis France 2.
  • 1999 : Le collectif Egalité, présidé par Calixte Beyala, dénonce la non-représentation de la diversité ethnique et réclame des quotas.
  • 2001 : Le CSA demande aux chaînes privées de "promouvoir les valeurs d'intégration et de solidarité qui sont celles de la République » et de « prendre en compte dans la représentation à l'antenne la diversité des origines et des cultures de la communauté nationale ». France 2 et France 3 devant, depuis le décret du 24 février 2001, « assurer la promotion des différentes cultures composant la société française sans aucune forme de discrimination ».
  • Décembre 2002 : Marc Tessier, Président de France Télévisions, nomme Edouard Pellet en qualité de chargé de mission pour améliorer la représentation à l'antenne des minorités sur les chaînes du service public.
  • 28 janvier 2004 : France Télévisions lance un Plan d'action positive pour l'intégration (PAPI), qui vise à « améliorer l'expression des diverses composantes de la communauté nationale sur les antennes, dans les programmes et dans la structure des chaines ».
  • 6 septembre 2004 : Audrey Pulvar présente "Soir 3".
  • Septembre 2004 : Jean-Paul Cluzel, PDG de Radio France, nomme à ses côtés Jean-Luc Aplogan, journaliste béninois de 42 ans, en tant que chargé de mission pour la diversité culturelle et l'intégration au sein du groupe.
  • Mars 2006 : TF1 annonce qu'Harry Roselmack, membre du collectif « Averroes », présentera le 20h dès l'été 2006.
  • Janvier 2007 : Rachid Arhab est nommé au CSA. Il préside notamment la commission sur la diversité et la représentativité à la télévision.
  • 2008 : TF1 lance la Fondation TF1 dont l'objectif est de recruter des jeunes issus des quartiers à différents postes au sein de la chaine.
  • 2008-2009 : Les écoles de journalisme se lancent dans la diversité par le biais de partenariat avec des sites comme le BondyBlog (école de journalisme de Lille) et en ouvrant des cycles en alternance
  • 2009 : Le CSA lance les statistiques de la diversité qui seront publiée tous les 6 mois

Les statistiques de la diversité à la télévision

Au début de l'année 2009, le CSA a publié sa deuxième étude sur la diversité à la télévision. La première remonte dix ans plus tôt. En voici les résultats :
  • Les "non blancs" représentent 14% des visages du petit écran, contre 19% aux USA.
  • Les noirs composent la majorité de la diversité à la télévision puisqu'ils sont 8%, contre 2% pour les arabes.*


Télécharger le rapport du CSA sur la diversité ici : Promotion_diversite_dans_medias.pdf

* Le CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noirs) a commandé un sondage en 2007 qui a fait ressortir 3,8% des français sont noirs (pour être précis 3,8% des sondés se disent noirs, résidents en France âgés de plus de 18 ans)

Le sondage a été mené du 3 au 23 janvier 2007 auprès d’un échantillon représentatif de 13 559 personnes âgées de 18 ans et plus sur l’ensemble du territoire français qui a conduit à un échantillon mécaniquement représentatif de 581 personnes noires âgées de 18 ans et plus. Le sentiment d’appartenance aurait été le critère pour les qualifier. La population noire en France a été estimée à 3,86%, soit deux millions de personnes en âge de voter. Une proportion qui paraît élevée au directeur de Sopi, Jean-Christophe Despres, une « une agence de communication multiculturelle œuvrant pour « la reconnaissance des diversités ». Selon lui, ce chiffre serait plutôt de 3%.

Voici les principaux enseignements de cette étude :

  • 3.86 % des personnes interrogées âgées de plus de 18 ans se disent « noires ». Soit environ 1 865 000 Noirs de plus de 18 ans en France.
  • 56% de ces personnes « noires » se disent personnellement victimes de discrimination raciale dans leur vie de tous les jours (12 % déclarent l’être souvent, 19 % de temps en temps, 25% rarement) et 61% ont le sentiment d’avoir vécu au moins une situation de discrimination raciale au cours des douze derniers mois.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire